Ce départ en classe-découverte, je l’attendais depuis des
mois, je me l’étais imaginé, encore et encore, mais finalement dès le tout
début la réalité s’est imposée à moi : il n’est tout simplement pas
possible d’imaginer ce qui peut se passer dans ces séjours, tant ils sont faits
de petites aventures du quotidien.
Voici donc en quelques mots :
MA PREMIERE JOURNEE DE CLASSE DECOUVERTE
Les parents
En tant que maman, j’ai toujours
dé-tes-té ce moment où ton enfant qui part en classe-découverte est assis dans
le car, où toi, parent-un-petit-peu-émotif-sur-les-bords, tu essaies tant bien
que mal de le repérer à travers la vitre teintée, et où tu sens monter en toi
les larmes du vide qu’il/elle va laisser à la maison alors que ton enfant n’est
occupé qu’à sortir sa pom’pote de son sac pour la montrer à ses copains.
Mais, curieusement, de passer de
l’autre côté de la vitre du car, donne une autre perspective à ce moment : c'est idiot mais qu'est-ce que c'est mignon un amas de parents émus qui sautille sur place pour essayer de faire coucou à son enfant ou qui te demande le regard perdu d'inquiétude "si c'est normal qu'il y ait de l'eau qui coule du car" ("Oui madame ne vous en faites pas c'est juste la climatisation : c'est le signe que Jean-Albator ne souffrira pas de la chaleur pendant le transport") ou encore "si nous avons bien vérifié le permis de conduire du chauffeur et s'il a l'air suffisamment en forme".
Bref, autant dire qu'il a fallu faire descendre de force des parents qui s'étaient incrustés dans le car pour faire un dernier bisou à leur enfant ou leur redire "d'être sages avec la maitresse hein vous écoutez bien ce qu'elle vous dit" ("C'est gentil madame mais je ne suis pas inquiète sur son comportement en revanche, vous, si vous pouviez justement lui donner l'exemple en m'écoutant et en respectant la consigne que je vous ai donnée...")
Ah les parents… Non mais les parents quoi !
Mention spéciale à cette maman qui m'a saisi par le bras avec un regard de revendeur louche pour me demander "Y a moyen de s'arranger pour que je reçoive une deuxième lettre de ma fille pendant le séjour ? Je peux vous payer hein, on s'arrange...". Là j'ai même pas eu besoin de répondre : je crois qu'elle a lu dans mon regard toute la whatthefucjkitude que j'ai ressentie :-)
Les phrases cultes
J’ai adoré cette phrase d’un
zapprenant de petite taille que je venais de gronder (en constatant que la
tablette de son fauteuil était déboitée alors que je lui avais dit 5 fois en 10
minutes d’arrêter de jouer avec) : « Mais maitresse, c’est pas moi
qui l’a fait tout seul ». Alors c’est pas très pédagogique mais j’avoue j’ai
ri pour cette jolie tentative de me prendre pour une quiche.
Il y a aussi eu ce moment où
venue faire un dernier petit bisou du soir à une de mes élèves, j’ai pu avoir
cette petite discussion lunaire :
- …et n’oublie pas de bien ranger tes lunettes dans le casier pour les retrouver facilement demain matin
- Quelles lunettes ?
- Bah tes lunettes de vue !
- Mais je les retrouve pas… (début de panique dans ses yeux)
- Mais voyons elles sont encore sur ton nez, d’ailleurs tu devrais les enlever maintenant avant de t’endormir !
- (cherchant du regard autour d’elle) Mais… sur quel nez ? Je vois pas de nez dans la chambre, maitresse !
Les adultes ne sont pas en reste d’ailleurs,
puisque j’ai aussi eu la chance de saisir au vol ce joli moment où une collègue
voulant proposer des comprimés anti-mal des transports à notre animateur lui a
demandé « Tu veux sucer ? », mon fou-rire en entendant ça (oui j’ai
13 ans d’âge mental) et leurs regards interloqués.
Les moments teeeeeeeeeeellement prévisibles
Ce sont ces moments
incontournables que nous aurions teeeeeeeeeeeeeeeeeellement été surpris de ne
pas vivre :
- Les « On est bientôt arrivés ? » (moins de quatre minutes montre en main après que le car ait démarré de l’école) bientôt suivis de 147 875 « Maitreeeeesse quand est-ce qu’on arrive ? » Note pour plus tard : le zapprenant de petite taille a de la suite dans les idées et n’hésite pas à reposer sa question toutes les 2 minutes, même, d’ailleurs, s’il t’entend répondre à un de ses copains ayant posé mot pour mot la même question.
- Les pleurs de certains en quittant leurs parents, les petits secrets confiés entre eux et moi pour apaiser les émotions, les câlins et les mains serrées très fort pour se donner du courage
- Les cris d’excitation à chaque fois que nous avons traversé un tunnel (pas besoin de parc d’attraction avec un apprenant de petite taille)
- Les vomitos sur la route
- Les inventaires relous (encore plus relous d’ailleurs quand les parents semblent avoir pris un soin méticuleux à ne rien mettre du trousseau indiqué, ou encore à tout doubler inutilement, ou encore à ne pas mettre la feuille d’inventaire dans la valise ou encore… bref les parents ont un don certain pour rendre sur-relous les inventaires)
- Et bien sûr le premier pipi au lit du séjour (sinon ça ne serait pas une classe-découverte)
Les aléas de la vie
Juste après le départ du car, le
chauffeur nous a prévenus qu’il était obligé de s’arrêter 30 minutes avant de
prendre réellement la route.
Pas de souci, on s’arrête donc
sur une place ombragée et toute l’équipe descend boire un café pendant qu’on
surveille les élèves avec ma collègue. J’en profite à mon tour pour aller
mettre des choses à la poubelle sauf que, oupsy, j’ai loupé la dernière marche
du bus en descendant… et c’est comme ça que je me suis foulé la cheville, à
peine 10 minutes après être partie ! Ce qui, il faut l’avouer, n’est pas
une idée fameuse quand tu t’apprêtes à encadrer un séjour avec 42 enfants de 4
à 6 ans au milieu de la campagne.
Là où c’est quand même fort c’est
que le chauffeur du car, qui m’avait vue et s’inquiétait pour ma cheville, s’est
révélé être un rebouteux et m’a donc proposé son aide. Si c’est pas avoir le
cul bordé de nouilles quand même !
Evidemment, nous n’en sommes pas
restés là avec les pitits contretemps : en arrivant au centre, un de mes
élèves avait 40.5 de fièvre. Evidemment, hein, nous n’avons aucun moyen de
déplacement là où nous sommes. Ah et évidemment toujours, aucun médecin n’a
accepté de se déplacer malgré les symptômes et malgré le fait que nous n’ayions
pas de véhicule. Bref, il a fallu se battre pour réussir à l’emmener voir un
médecin (qui a « juste » mesuré 41 de fièvre entretemps #ouakatapé)
et à le soigner. Et mon apprenant de petite taille a tellement la classe qu’avec
un bon traitement, un peu de repas et surtout une sacrée combativité, il est
déjà prêt à continuer le séjour !
Voilà, sinon je suis assistante
sanitaire sur ce séjour et je crois que je vais offrir un poney en sacrifice
aux dieux de la santé pour qu’il n’y ait pas d’autre souci médical d’ici la
restitution des zapprenants de petite taillle à leurs parents vendredi soir.
L'essentiel : les zapprenants de petite taille
Je crois que je n’ai jamais vu
mes zapprenants de petite taille aussi souriants, aussi rieurs, aussi visiblement
contents d’être tous ensemble : ils sont très visiblement heureux d’être là et
ça, putain de bordel de merde, ça vaut toute la fatigue du monde. Rien de plus
contagieux que le bonheur…
1 commentaire:
Amuse-toi bien !!
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