Le début de la fin



Depuis que je suis devenue prof, il y a environ 2 ans, je sais que j’ai changé.

Mon métier a changé.

Mon salaire a changé. (Chut...)

Mes habitudes quotidiennes ont changé.

Ma personnalité a évolué : il y a des traits de caractère qui se sont affirmés et d’autres qui sont revenus en arrière-plan. Insidieusement.

Ma vie quotidienne a changé.

Toutes ces métamorphoses, petites ou grandes, sont d’ailleurs au cœur de ce blog.

Mais aujourd’hui, j’aimerais vous parler de cette étape ultime du Changement avec un grand C.

L'étape qui, pour moi, marque… 

LE DEBUT DE LA FIN

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(si on était au cinéma, là, il y aurait une petite musique d’ambiance hitchcockienne…l’entendez-vous, vous aussi ?)



Il y a eu l’envahissement progressif de notre salle à manger par les classeurs, les livres, les albums, la plastifieuse, la réserve de pochettes pour la plastifieuse.

Mais ça, ça allait encore.


Il y a eu les achats compulsifs de feutres tous plus spéciaux les uns que les autres : feutres-pour-corriger-les-cahiers, feutres-pour-colorier, feutres-pour-colorier-sur-du-plastique, feutres-pour-dessiner-sur-les-vitres, feutres-pour-dessiner-sur-du-verre, feutres-qui-s-effacent, feutres-qui-ne-s-effacent-pas…

Mais ça, ça allait encore.


Il y a eu le détournement de bien familial caractérisé, celui des trombones de la maison au profit du classement des fiches de phonologie de mes élèves.

Mais ça, ça allait encore.



Il y a eu le temps passé à faire des mes enfants des zapprenants-tests, pour leur demander leur avis sur telle activité ou telle ressource que j'envisageais d'utiliser en classe. Sans que ce temps de travail ne leur permette d'acquérir des points pour leur retraite.

Mais ça, ça allait encore.


Il y a eu la récupération obsessionnelle de tous les livres, jeux ou meubles dont on ne se servait plus (ou plus vraiment...) à la maison pour améliorer les conditions de travail de mes élèves.

Mais ça, ça allait encore.


Il y a eu le moment où mon mari (#jetaime) a été réquisitionné pour m'aider à installer des étagères, déplacer un meuble ou déménager des piles de carton dans ma nouvelle classe. Toujours sans que l'Education Nationale ne déclare ce travail au black.

Mais ça, ça allait encore.

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Aujourd’hui, indéniablement, j’ai atteint mon point de non-retour.

Tout a commencé quand j'ai constaté que je devais changer de chaussures, les dernières ayant été usées par des mois de rondes de surveillance de récré dans la cour bitumée de l’école.

C’est LA que j’ai été faible. 

TRÈS faible, je le reconnais.

Je ne me cherche pas d’excuses mais c’est vrai que le fond de l’air commence sérieusement à se rafraîchir.
Et puis il y avait les agents de nettoyage de l’école qui me parlaient chaque matin des risques de neige annoncés à la météo…

Et puis les allers-retours de mes zapprenants pour aller chercher un mouchoir ont connu une augmentation exponentielle...

Je ne pouvais pas faire fi de tous ces signaux.

J'aurais AIME les ignorer.

Avec le recul je me dis que j'aurais DU être plus forte.

Mais juste, JE NE POUVAIS PAS.

Encore une fois, ça ne me dédouane d’aucune responsabilité, mais quand même, je pense que c’est important de comprendre le contexte dans lequel tout ceci s’est déroulé.

Alors voilà : j'étais en train de chercher de nouvelles baskets... je regardais un peu à droite... un peu à gauche... vous savez comment ça se passe hein ? Sauf que cette fois, tout a basculé quand j'ai vu apparaître sous mes yeux ce mot magique : thermolactyl

C'est comme s'il clignotait de mille feux, comme si un tapis rouge se déroulait instantanément pour m'emmener à l'insu de mon plein gré vers des paradis artificiels.

Je me suis imaginée, en service de récré ou en sortie, bravant pour une fois le froid polaire avec la vaillance d'une meute de huskies.

Alors voilà, je l'ai fait.

J'ai agi sans vraiment réaliser la portée de mon geste sur le coup : j’ai acheté une paire de baskets de la marque Damart.

Oui, Mesdames et Messieurs, aujourd'hui j'ai acheté des produits d'une marque dont le coeur de cible marketing sont les octogénaires.

Et tout ça, de mon point de vue, c'est la faute à mon travail.

Le début de la fin, je vous dis.


PS : ce post n’est PAS sponsorisé. Promis juré craché. 

#Blablaprof

6 commentaires:

lerval a dit…

C'est malin ça ! Je ne savais pas que Damart fabriquaient des baskets. Avec cet article j'ai maintenant très envie de savoir comment elles sont. Pfffffffff

ps : y'a bien longtemps que j'ai basculé de l'autre côté !

Fofie Flood a dit…

Hahahahaha, puisque nous sommes du même côté obscur de la force, tu peux te faire une idée via ce lien : https://www.sarenza.com/damart-anabelle-amortyl-s1126-br1509-t76-p0000175458

dodo a dit…

trop marrante ta réflexion , et très juste hi, hi je viens juste d'aller également chez Damart pour les chaussures,un peu cher mais très confortable……
mais il y a aussi des articles pour enfants… donc je ne veux pas rentrer dans la catégorie des octo…..pas si vite
bon courage à toi dans les frimas qui s'annoncent…

Unknown a dit…

Voilà, j ai consulté le site de Damart...Et j ai craqué sur des bottillons fourrés...Shame on me😭

Nell a dit…

Bienvenue à toi oh, jeune collègue !!!
J’avais ton âge quand ma mère ( instit à la retraite) m’a parlé des «  sous-vêtements thermolactyl » : j’ en ai acheté immédiatement !!! Les hivers en forêt d’Orléans ont été moins rudes !!! Merci Damart !!!....et sans complexe !!! Sauve ta peau si tu veux durer !!! Bien à toi.... une «  vieille «  collègue ��

Rina a dit…

Cette paire : https://www.sarenza.com/damart-anabelle-amortyl-s1126-br1509-t76-p0000175458 est très jolie (j'adore le bleu :p) mais ne fait apparemment pas partie de la catégorie "thermolactyl" ! :( Elles sont "amortyl" mais cela n'a rien à voir.