Le jour où je suis devenue conseillère pédagogique...

...C'est la magie du blogging : je peux fermer les yeux, m'imaginer devenir conseillère pédagogique et, à ce titre, assurer l'accompagnement pédagogique des maitres et des équipes d'école, la formation initiale et continue des enseignants, sans parler, bien entendu, de la mise en oeuvre de la politique éducative. 

Parmi toutes ces missions, je crois que l'une de celles qui me tiendraient le plus à coeur serait la formation initiale des bébéprofs : leur donner confiance dans leurs capacités, les guider, les conseiller, les aider à construire leurs outils et leurs repères dans le métier.

Bref, en exclusivité interpédagogique, je vous invite à m'accompagner dans un épisode de 

VIS MA VIE DE CONSEILLERE PEDA'



[Spéciale dédicace à mon prof de TICE de l'Espé, grâce à qui j'ai pu faire ce photomontage.
Comme quoi, faut JAMAIS écouter les mauvaises langues qui vous diront qu'on apprend rien d'utile dans les cours de l'Espé.]

Aujourd'hui, je vous propose de m'assister pendant que je vais rendre visite à Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE.

Cette jeune enseignante a été nommée sur l'école primaire Laura INGALLS, qui est située dans un environnement rural.




L'école Laura INGALLS compte une seule classe de 2 zapprenants. Après un décompte attentif, il apparait que les effectifs sont répartis comme suit :
- 1 garçon
- 1 fille

Ils sont donc parfaitement paritaires. C'est super. Mixité tip top. Et pas de sureffectif non plus.

Franchement, quand je vois ça,  je comprends pas pourquoi notre système scolaire n'est pas mieux classé dans les enquêtes PISA parce que cette école prouve bien la qualité des conditions d'enseignement. Enfin bref, revenons-en à nos moutons.

                                         


Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE a aménagé sa classe en ilôts un seul ilôt, ce qui est particulièrement favorable aux travaux collaboratifs et coopératifs. J'ai envie de lui décerner un bon point pour la remercier du plaisir qu'elle me procure à s'inspirer des pédagogies actives.

Cependant, j'attire l'attention de Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE sur le fait que ledit aménagement en ilots voit son efficacité pédagogique altérée par l'effectif de sa classe et je l'invite à réfléchir à la question suivante d'ici notre prochain rendez-vous : "comment organiser le travail par groupes de 4 zapprenants avec 2 zapprenants ?". 

Elle note scrupuleusement sur son calepin cet axe de réflexion.



Je lui fais ensuite observer que c'est crès crès bien d'avoir aménagé un coin espace lecture dans sa classe, mais qu'il reste à le compléter par davantage d'ouvrages afin de développer le goût de la lecture chez ses zapprenants.

Elle n'a que deux zapprenants, okidoki, mais quand même 5 livres ça fait pitié quoi. 

Elle note assidûment ma remarque sur son calepin.




En revanche, je souligne un point d'appui pour Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE qui a prêté une attention toute particulière à aménager un coin espace dédié à l'éducation musicale comportant 2 fois plus d'instruments de musique que de zapprenants : xylophone, guitare, djembé percussions d'origine subsaharienne et maracas.

Même si bon, c'est vrai que dans les programmes d'enseignement, l'éducation musicale est quand même censée être un peu derrière la lecture en termes de volume horaire...


                                     

Alors que la classe s'apprête à débuter, j'observe un zapprenant s'approcher des instruments de musique.

Par expérience, j'attire l'attention de Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE sur la nécessaire bienveillance, celle-ci impliquant que l'éventuel l'usage inconsidéré et inapproprié par ses zapprenants du xylophone ne peut considérer une cause légitime pour les passer par la fenêtre déroger à son obligation réglementaire d'agir en éducateur éthique et responsable.

Elle semble surprise mais prend soigneusement note de mon observation sur son calepin.



La sonnerie de début de la classe retentit à cet instant.

Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE s'apprête à commencer sa séance de mathématiques. Elle demande donc à ses zapprenants de sortir leur matériel de géométrie. C'est alors que ma curiosité est titillée par la démesure de l'éponge du tableau noir support scripteur de couleur obscure. 

Il faudra que je pense à demander à Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE  pourquoi elle a choisi un modèle d'éponge de la longueur de son propre bras lors de notre entretien ultérieur... S'agit-il d'un acte de bienveillance exacerbée visant à accélérer la tâche des zapprenants chargés de nettoyer le tableau noir support scripteur de couleur obscure ?



Sur ce, la séance de géométrie débute enfin : elle est consacrée aux angles droits.



Malheureusement, après 13 minutes et 52 secondes passées à sortir leur matériel de géométrie, les zapprenants de la classe de Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE se rendent compte qu'ils ont en fait oublié leur équerre chez eux mais sans faire essprès. 

La séance de mathématiques sur les angles droits est de ce fait quelque peu perturbée.


Pendant que Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE leur propose avec bienveillance de se rendre dans le coin l'espace scientifique de la classe pour travailler sur les papillons parce que c'est crop mignon, je poursuis mon observation.



Je constate avec satisfaction que Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE démontre qu'elle dispose des compétences éducatives et pédagogiques nécessaires à la mise en oeuvre de situations d’apprentissage et d’accompagnement des zapprenants diverses.

Même si c'est vrai que c'est plus facile de s'adapter à la diversité des zapprennants quand ladite diversité est composée de seulement deux individus, évidemment, je ne dis pas le contraire.

En revanche, il est essentiel que Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE s'attache à diversifier davantage la façon dont elle organise et assure un mode de fonctionnement du groupe du binôme zapprenantiel favorisant l'apprentissage et la socialisation des zapprenants.

Le fait que la jeune zapprenante se balance sur sa chaise est en effet révélatrice de difficultés récurrentes dans la gestion de classe par Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE.



A l'issue du temps de classe, je propose à Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE d'échanger sur la place qu'elle occupe au sein de l'équipe éducative.

Elle m'indique ne pas avoir de difficulté particulière à coopérer avec ses collègues dans la mesure où il n'y a pas d'autre classe dans l'école.

C'est effectivement un argument tout à fait recevable et je lui propose alors d'aborder la façon dont elle analyse et adapte sa pratique professionnelle en tenant compte des processus d'apprentissage.



A première vue, le bureau de Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE avec ses classeurs de fiches de prep et son calendrier affiché à proximité immédiate semble témoigner de sa volonté de s'engager dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel.


  
Je conseille néanmoins à Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE de solliciter sa maitrise supposée de la langue française  pour écrire avec des lettres plutôt qu'avec des simples traits dans ses classeurs de fiches de prep, l'alphabet morse n'étant en effet pas au programme.




En y regardant de plus près, je suis soudainement interpellé par le calendrier affiché par Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE, qui me semble peu conforme au calendrier républicain et donc aux valeurs de la République.



Mademoiselle Marie-Soupline m'indique qu'en réalité elle ne s'en sert pas, qu'il est là depuis de nombreuses années et qu'elle n'ose pas le décoller, de peur que la patafix n'arrache avec elle la moitié de la peinture déjà écaillée.

Je lui demande donc de réfléchir à une problématique professionnelle "Comment inscrire de façon efficiente son action dans le cadre des principes fondamentaux du système éducatif avec de la patafix ?".

Elle écrit consciencieusement ma question sur son calepin et s'engage à construire activement une réflexion professionnelle sur ce point.




Enfin, avant de quitter Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE, j'attire son attention sur le fait qu'elle doit impérativement intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l'exercice de son métier. En effet, je n'ai pu observer aucune exposition des zapprenants à des apprentissages via les technologies modernes au sein de la classe.

Elle sollicite de la bienveillance de ma part sur cet axe de progrès, je lui rappelle alors que la bienveillance doit être combinée à l'exigence et en l'espèce, l'exigence, c'est qu'elle se débrouille comme elle peut pour mettre en oeuvre les consignes institutionnelles.


Le fait que l'Education Nationale ne mette aucun outil numérique à sa disposition pour ce faire n'est EN RIEN une excuse acceptable. On est dans l'Ecole du Numérique, epissétou.





Je réalise en m'éloignant que pour des raisons surprenantes, les horloges de l'école n'ont qu'une aiguille chacune. Cela me surprend quelque peu mais je me dis qu'il doit s'agir d'une approche différenciée des repères temporels pour ses zapprenants.

Je note donc sur mon calepin d'aborder ce sujet avec Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE  lors de ma prochaine visite.

Sur ces entrefaites, je prends congé de Mademoiselle Marie-Soupline McGONAGOUILLE et lui souhaite une excellente journée. 


#BlablaProf


PS : Rassurez-vous hein, aucune Marie-Soupline McGONAGOUILLE n'a été maltraitée visitée pour les besoins de cet article, c'est juste une p'tite fiction. Enfin... presque...

Aucun commentaire: